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Qui est Jeanne Lichnerowicz

Jeanne Lichnerowicz, « Claude Dravaine » (1888-1957)

Qui est Jeanne Lichnerowicz

Le nom de famille de cette française, fille d’immigré polonais, nous fait revenir de l’Ouest Irlandais, à l’Est de l’Europe. Ce patronyme slave gagne cependant sa notoriété française par les livres de Jeanne, professeur de langues à Ambert en Auvergne, et surtout par les travaux scientifiques de son neveu, le mathématicien André Lichnerowicz.
Voici un résumé du parcours de celle qui, pionnière féministe comme Maud Gonne, est la première femme à intégrer l’académie des lettres et sciences de Clermont Ferrand.
« Claude Dravaine est le pseudonyme de Jeanne Lichnerowicz, romancière française et traductrice née à Paris le 3 septembre 1888 et décédée à Hyères en juin 1957. Elle tient une place importante dans la littérature d'Auvergne. Son père, Jan Lichnerowicz, insurgé de la révolte polonaise de janvier 1863 contre l'Empire russe, trouve refuge à Ambert où il s'installe comme tailleur. Il épouse en 1873 à Ambert, Justine Faure, modiste, descendante de familles de papetiers d'Ambert : les Faure et les Gourbeyre. Ils ont au moins deux enfants, Jeanne et Jean (père du mathématicien André Lichnerowicz). Jan meurt en 1902. Jeanne a vécu l'essentiel de sa vie dans la région d'Ambert en Auvergne.
Jeanne est admise aux oraux de l’École normale de Paris en 1913 mais préfère débuter une licence avant de l'abandonner. En 1914 elle part à Londres comme secrétaire de la Société de recherches psychiques. Elle traduit des œuvres de l’auteur irlandais William Butler Yeats et de Virginia Woolf. En 1915, revenue en France, elle enseigne l’anglais et les lettres en collège à Ambert. Dans les années 1920 elle partage son temps entre Paris, Ambert, et Cusset près de Vichy, puis devient apicultrice et éleveuse dans les monts du Livradois, mais aussi écrivaine :
Elle prend le pseudonyme de « Claude Dravaine » en référence à son ancêtre Claude Gourbeyre, papetier, et Dravaine, car l'écrivain Jean Angeli l'appelait « Dravena» c'est-à-dire « la prune » en occitan auvergnat. Elle a aussi pour ami Henri Pourrat qui la soutient matériellement et salue ses écrits.
Elle écrit Nouara, chroniques d’un antique village papetier, publié en 1927 où elle raconte la vie des papeteries ambertoises en faisant la chronique de son moulin d'Ambert. Elle publie dans des revues (L’Alsace française, Le Correspondant, Le temps…) et quotidiens régionaux, mais aussi des romans et récits pour la jeunesse. Le 5 février 1931, elle est la première femme à entrer à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand. Vers juin 1957 elle part pour Hyères, où son corps est retrouvé dans un torrent, le Gapeau, le 9 juillet de la même année. »
Quant à son oeuvre : « Elle fait partie du groupe littéraire qui se forma dans cette sous-préfecture du Puy-de-Dôme autour de son presque exact contemporain le romancier Henri Pourrat (1887-1957). Pour une bonne part, l’œuvre de Claude Dravaine s’imbrique dans celle de son ami Henri Pourrat. C’est avec lui qu’il écrivit son premier texte publié : L’ouvrage 4 (1917), une pièce de théâtre patriotique. Son livre le plus connu, Nouara (1927), sous-titré Chronique d’un antique village papetier, fait le pendant à Dans l’herbe des trois vallées de Pourrat, paru la même année et portant, lui aussi, sur la papeterie Ambertoise. Plus tard, un manuscrit de sa plume (Jeunes de la montagne) sera acheté par Pourrat, qui, mettant en exergue l’origine Dravainienne de la matière, en fera son Chasseur de la nuit (1951).
Par ailleurs traductrice de Yeats et d’Élisabeth Browning, Claude Dravaine reste, comme son œuvre, peu connue.
Plutôt que la notoriété et l’argent, elle a choisi la solitude.
Elle a préféré à tout, les légumes de son jardin, l’eau de sa fontaine, et « ce qui, de terrasse en terrasse, passe là, sur un fil d’air, dans la feuille des frênes ».

C’est donc une catholique de grande culture, militante pour la justice et partageant avec E. Feilding la connaissance du Cardinal Gasquet, qui s’adresse, après rapport à ce prélat et sur son conseil, au Pape Benoit XV lui-même dans la lettre suivante :
« Noirat, Ambert, Puy-de-Dôme, France, 29 mai 1918
Très Saint-Père
J’ignore si l’on vous a mis au courant des faits extraordinaires qui se produisent dignes depuis 1911 à Mirebeau en Poitou (Vienne) chez Monsieur le chanoine Vachère de Grateloup.
Il s’agit d’une image saignante du Sacré-Cœur, extrêmement émouvante dans la transformation qu’elle a subie par suite d’écoulements nombreux : une couronne d’épines s’est dessinée en creux, d’où le sang jaillit souvent, ainsi que du cœur et des mains percées.
J’ai vénéré également à Mirebeau des hosties dont le sang était encore vermeil après des mois. Son éminence le cardinal Gasquet m’avait dit de vous entretenir de ces faits. En tout cas, mon rapport personnel lui a été envoyé ainsi que le témoignage d’amis anglais qui ont fait le pèlerinage de Mirebeau. Il est à même de vous renseigner plus amplement.
Or l’abbé Vachère de Grateloup a été excommunié en 1916 [1914] sur de simples allégations de son évêque, et sans qu’une enquête honnête et sérieuse ait été menée sur cette affaire.
C’est un véritable scandale pour les âmes droites.
Au nom de la foi, il serait urgent, très Saint-Père, de revenir sur un jugement pour le moins hâtif et suspect.
L’abbé Vachère de Grateloup est prêt à se soumettre à tout ce qu’on exigera de lui, pourvu qu’il ait à faire à des personnes de bonne foi, et non à ses ennemis personnels.
On ressent une grande tristesse à voir des querelles privées intervenir là où il faudrait un immense esprit d’adoration et une grande charité.
Quoi qu’il en soit, la simple justice exige que cette affaire soit révisée, et qu’une solution intervienne. Quelle que doive être celle-ci, ce serait un soulagement pour tous ceux qui sont dans l’inquiétude au sujet de ces faits.
Veuillez agréer, très Saint-Père, l’hommage de mon profond respect.
J[eanne] Lichnerowicz. »

A défaut de connaître le rapport de l’auteur de la lettre au Cardinal Gasquet, nous découvrirons plus loin l’essentiel du témoignage de ce professeur, experte des œuvres de Yeats (et son admiratrice), ex secrétaire de la "Society for Psychical Research," appelée par E. Fielding à poursuivre l’enquête.
Nous verrons aussi combien le cardinal anglais a été mêlé à cette cause, jusqu’à en avoir été le témoin. Grâce aux documents romains désormais disponibles, nous étudierons point par point l’histoire des faits de Mirebeau, voyant si ceux-ci correspondent au résumé ici présenté à Benoît XV.

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