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Photo du rédacteurbruno georges

L'HISTOIRE

Dernière mise à jour : 14 mai 2023




Le 11 Avril 2011, Jean-Pierre Jeannin Latour ami du Calvaire écrivait


"Avant de plonger dans cette histoire, m’exposer à des critiques, braver les interdits, heurter des espoirs, avant de me laisser envahir par la tentation d'y croire et les raisons d'en douter, dans ce passé pas si lointain, qui peut être tout chaud encore, presque brûlant.. En dehors de toute polémique, les faits sont sacrés et restent -seraient-ils centenaires- les commentaires sont libres et passent. "


"Maintes fois décrite par ma mère, j’ai en mémoire l’image de mon grand-père maternel, Jean Manceau, alors propriétaire de l’Hôtel du Lion d’Or, situé à côté de l’église, à l’emplacement actuel du parking et de l’ensemble des bâtiments Proxi, attelant son cheval noir, Coco, à son cabriolet d’osier et descendant, chaque matin, à la gare, accueillir les pèlerins du Sacré-Cœur de Mirebeau… Au cours de la journée, d’autres touristes qu’une employée accompagnait arrivaient jusqu’à la maison de l’Abbé. Mirebeau devenait lieu de pèlerinage et bien des Mirebalais nourrissaient secrètement l’espoir d’un essor aussi grand que celui de Lourdes.


Mirebeau, ville au passé tumultueux »Le journaliste qui, le premier, accola le nom de « Mirebeau » à « passé tumultueux », mérite bien une reconnaissance professionnelle car la formule depuis, a fait florès, plagiée sans vergogne par tous ceux qui écrivirent sur Mirebeau, le Calvaire ou l’Abbé Vachère… Ceux que j’ai pillés moi-même s’appellent Lucien Racinoux du Picton, Laurent Mergault du Patrimoine, R. Bombenger auteur du Sacré–Cœur de Mirebeau, Gérard Simmat historien du Poitou, La Nouvelle République, Centre-Presse et les interviews que ces quotidiens ont réalisés, ainsi que les « témoignages » que j’ai collectés et jugés dignes de figurer ici."


L'histoire de l'abbé Vachère s'est déroulée à Mirebeau, il y a tout juste un siècle, porteuse de passions et divisions, bien au de-là de ce village.


Mirebeau est une petite bourgade poitevine fortifiée d'une superficie d'environ 1000 hectares et d'un millier d'âmes qui culmine à plus de 150m d'altitude. C'est un lieu historique où des légendes circulent encore sur la visite de grands personnages historiques et légendaires de l'histoire de France, comme entre-autres, Sainte Jeanne d’Arc, le jeune Roi Saint Louis et sa Mère Blanche de Castille, mais aussi Aliénor d'Aquitaine, Le Roi Philippe Auguste et le Cardinal Richelieu qui a eu mauvaise réputation de détruire une partie des remparts de Mirebeau pour construire son immense château dans la ville qui porte son Nom.


Mirebeau est aussi appelé "Pays des ânes" surnom remontant au moyen âge. Ces ânes étaient les grands protecteurs de la cité, en brayant fortement pendant les guerres de cent ans et de religion, dès qu'un ennemi pointait le bout du nez.

Mais Mirebeau est surtout connu pour son panorama exceptionnel, situé sur une butte surplombant le paysage à plus de 50 kms à la ronde la Gâtine, Poitiers et les contreforts de Montcontour. Son Eglise Sainte Andrée en point de mire domine les plus grands faits historiques du moyen âge en France, et reste figée au cœur des grandes victoires lors des batailles de Vouillé avec Clovis, de Poitiers avec Charles-Martel, De Notre Dame des clés, de Montcontour avec Henri III, mais aussi les faits historiques et religieux importants à Poitiers et aux alentours durant des siècles.


Ainsi, lorsque les faits surviennent au début du XXème siècle, peu avant la Grande Guerre, la vieille capitale du « Pays Mirebalais », dernière place du Duché d'Anjou rayonnait déjà d’un point de vue historique, spirituel, culturel, voire économique.


Sur la région, elle attirait travailleurs, touristes et pèlerins, ces derniers venant pour prendre part à la vénération de la statue admirable de la Sainte Vierge de Saint André en bois polychromé du XIIème, aujourd'hui visible dans le chœur de l'église Notre-Dame.


Mais Mirebeau rayonne aussi d'un point de vue économique et technologique au début du XXème siècle, étant l'un des tous premiers villages de France doté d'un réseau de distribution électrique, occupés par ses six cents abonnés, disposant chacun, d'une puissance de 16 watts, dès la tombée du jour.


Toutefois une agitation nouvelle du côté de l'Eglise survient en 1910 bousculant la cité médiévale en quête de modernité, avec l'arrivée d'un nouveau prêtre, retraité, qui ne passe pas inaperçu par sa personnalité et sa prestance.


Ce prêtre va marquer l'histoire de Mirebeau, notamment par les faits mystérieux autour de l'érection imposante d'un Calvaire dont ce Prêtre va être l'élément déclencheur.


Avec l'arrivée du Père Vachère, allait naître "l'affaire des tableaux" et/ou "l'affaire du Calvaire", ne laissant personne indifférent, dont notamment les journalistes de la presse locale comme Lucien Racinoux du Picton, Laurent Mergault du Patrimoine, R. Bombenger auteur du Sacré–Cœur de Mirebeau, Gérard Simmat historien du Poitou, La Nouvelle République, Centre-Presse, le Picton publiant les interviews réalisés à partir de nombreux témoignages.


Un personnage haut en couleur : le Père Clovis-Césaire-Argence Vachère de Grateloup !

Nous sommes en 1910. Clovis-Césaire-Argence Vachère de Grateloup, 57 ans, prêtre de son état, arrive à Mirebeau. Né à Lencloître le 13 août 1853, il a commencé sa carrière comme vicaire à Saint-Savin, au sud de la Vienne. Très cultivé, il pratique couramment le latin, le grec et la plupart des langues européennes, suscitant intérêt respect, d'autant plus qu'il arrive de Rome où il résidait depuis 3 ans et occupait près de Sa Sainteté Pie X, la charge de Vicaire Général de la Curie romaine.


Clovis-Césaire-Argence Vachère de GRATELOUP était un vrai poitevin, originaire de Lencloître (dans la Vienne, diocèse de Poitiers). II vint au monde Le 13 août 1853.


Dès son Baptême, une prophétie mystérieuse (confirmée par les messages du Bon Maître) va le marquer d'un destin particulier. En lui administrant le saint baptême, le vénérable curé de Lencloître, l'Abbé H. Frappier prononça ces paroles "Je baptise un prêtre", comme pour confirmer la prédiction qu’un autre prêtre proscrit du temps de la Révolution aurait faite au grand-père du baptisé. Ce dernier prêtre, en effet, après avoir été longtemps caché et nourri par ce bon chrétien, aurait dit à son bienfaiteur en le quittant : "Dieu vous récompensera en suscitant un prêtre". Cette prédiction devait se réaliser dans la personne du Prêtre : Clovis-Césaire-Argence Vachère de Grateloup, mais le prêtre ignorait sans doute que son destin allait être lié à celui du Sacré Cœur de Jésus.

Arrivé à Mirebeau à un âge avancé, dégagé de tout ministère paroissial fixe, il s'emploie comme précepteur dans plusieurs grandes familles de France et de Belgique. A Mirebeau, où il y a déjà un curé-doyen assisté d'un vicaire à Notre-Dame et d'un desservant à Saint-André, il n'envisage pas autre chose que de vivre une retraite paisible dans une maison qu'il vient d'hériter près du chemin de fer, à l'angle de la route de la gare et de la rue de l'usine électrique... Le nouvel arrivant ne passe pas inaperçu. Bel homme, distingué, il mesure près de deux mètres. Il a les yeux bleus et le regard pénétrant, une voix de stentor et une allure soignée.

Toujours élégant, il porte de magnifiques chasubles brodées par ses soins et coiffe son impeccable calvitie d'un chapeau noir ou d'une calotte Violette. On l'appelle Monseigneur. Deux passions occupent son emploi du temps : préparer les jeunes à la vocation sacerdotale et broder des ornements d'Eglise, ce qu'il fait avec un réel talent d'artiste comme en attestent les amis auxquels il montrera ses œuvres.


Affecté dans la ville éternelle en 1905 où il y a résidé durant trois ans, il s'est consacré à défendre la cause des apparitions de Notre Dame de Tilly-sur-Seulles. Dans cette petite bourgade du Calvados, neuf ans plus tôt de 1896 à 1899, Marie Martel, jeune élève d'une école religieuse et ses camarades, ont assisté publiquement à des apparitions répétées de la Sainte Vierge. L'Évêque de Bayeux, Mgr. Amette, chargé de l'instruction, s'oppose à la reconnaissance officielle de ces manifestations de Tilly après s'être opposé, en 1846, à la reconnaissance des apparitions de Notre-Dame de la Salette, (près de Grenoble).


En 1903, Pie X apprend l'affaire de Tilly début 1905, de la bouche de l'Abbé Vachère qui la lui rapporte. Intrigué, le Souverain Pontife demande alors à l'Abbé de procéder à une nouvelle instruction, et de mener l'enquête lui-même. Vachère part donc en Normandie, procéder aux investigations souhaitées par le Pape. (photo Saint Pie X)


Il remet ses conclusions définitives au Vatican en décembre 1905. Lors d'une précédente audience privée, datée du 17 septembre de la même année, Pie X avait manifesté sa reconnaissance à l'Abbé en lui accordant le privilège dit de « la chapelle domestique » ou droit de posséder sa propre chapelle à son domicile. Plus tard, Sa Sainteté lui accordera le droit d'ériger un Chemin de Croix, la Sainte Réserve et l'Autel


« J'ai lu et relu votre mémoire, lui écrit le Pape. Tilly est à l'étude au Saint-Office... Je vous bénis, vous, vos œuvres, votre famille, l'Evêque du diocèse auquel vous appartenez, la jeune fille de Tilly, et tous ceux qui, avec vous, demandent la solution de cette Cause. Je demande à Dieu de faire éclater la Vérité » ! Tenu en haute estime par les plus grands dignitaires du Vatican, et selon le rapport circonstancié qu'en dresse M. Bombenger, Vachère a même failli monter sur le siège épiscopal d'un diocèse du nord de la France, mais la Providence en décida autrement. Il ne fait pas de doute que Sa Sainteté appréciait la compagnie de l'Abbé auquel il a accordé plusieurs visites privées, l'honorant souvent de privilèges particuliers.


Ainsi, c'est avec son assentiment, qu'en 1908 à Rome, Giacci nomma Vachère : Chanoine et Vicaire Général "honoris causa" du diocèse de Pescina (ou des Marses) qui dépend directement de Sa Sainteté. "Ipso facto", le "récipiendaire" obtient le droit de porter le titre et les marques distinctives d'un « Monseigneur ». Sa signature officielle est désormais suivie des initiales C.V.G (Chanoine Vicaire Général).


Malgré la grande estime du successeur de Saint Pierre, le temps passe sans qu'il reçoive d'autres nouvelles de son dossier sur Tilly. L'Abbé Vachère relance l'administration pontificale en s'adressant notamment au Cardinal Serafino Vannuteli, secrétaire du Saint-Office. Sa réponse va être décourageante.

« Oh ! Vous savez lui répond Vannuteli, le pauvre Pape est bien trop fatigué pour que nous le tenions au courant de votre dossier : « Eh oui ! Nous faisons cela sur toutes les affaires de la Sainte Eglise ». Le cardinal enfonce le clou « et qu'il ignore bien des choses pénibles et ennuyeuses ...».


Compte tenu de l’état de santé de plus en plus fragile du Saint Père et de la reprise du dossier par d’autres personnes du Vatican, le Père Vachère comprend alors que c'est très probablement la fin de la reconnaissance de Tilly. La mission, dont Pie X l'avait chargée, avait désormais peu de chance d'aboutir, du fait de la reprise du dossier par son entourage.


S‘ajoutant à cette déception, même si le Père Vachère jouit à Mirebeau d'une estime générale et d’une bonne entente avec le clergé local, la jalousie en France et à Rome alimentée par l’affection du Saint Père pour l’Abbé Vachère ne met plus celui-ci en position de force pour défendre la cause de reconnaissance d'évènements miraculeux.


Ainsi, suite à l'échec de Tilly, tombé en disgrâce à Rome et à l'évêché, l'Abbé Vachère subit des attaques d'anticatholiques, notamment par certaines personnes qui feront courir le bruit que l'Abbé a usurpé le titre de Monseigneur pour se valoriser et impressionner les petites gens de Mirebeau. Cette animosité va se traduire aussi par un évènement quelque peu cocasse.

Le 20 août 1911, alors qu'il célébrait la messe du pèlerinage de Sainte-Radegonde à Marconnay, entouré d'une dizaine de prêtres de la région, le Père Vachère est victime d’un dérangement important prémédité selon les dires par le Comte de Talhouèt. Celui-ci aurait invité Gilbert Landry, jeune et célèbre aviateur acrobate mirebalais à venir s'exhiber dans les airs pendant la messe, dérangeant les milliers de fidèles présents à cette célébration. Ce fait a été déploré dans « La Semaine Religieuse du Diocèse ». Un dessin humoristique du Picton rappellera cet évènement.


Après avoir emménagé dans sa nouvelle demeure, l'Abbé Vachère y fait construire un prolongement rectangulaire, de cinq mètres sur deux mètres cinquante. Seulement accessible par l'intérieur sans aucune ouverture sur la voie publique. Chaque jour, Il y célèbre la messe, entouré de quelques fidèles. Un tableau du Sacré-Coeur de Jésus, dont l'origine serait miraculeuse, est accroché au mur en place d'honneur.


Les faits surnaturels


Dans la demeure de l’Abbé, c'est le 8 septembre 1911 que pour la première fois se produisent des faits surnaturels. Une première apparition du phénomène se produit à 6 heures du matin, devant trois personnes, sur un tableau du Sacré-Cœur, accrochée au mur, sur lequel perlent soudainement des gouttes faisant penser à du sang qui coule au fil du temps de la couronne d’épines, des mains et du cœur de Jésus. La seconde fois, le fait se reproduit devant cinq autres fidèles, dont le curé de la paroisse Notre-Dame et un séminariste.

Troublé, l'Abbé demande alors aux témoins de ne rien divulguer avant d'en informer l'évêque de Poitiers . Ni le curé, ni le séminariste qui accompagnaient l'abbé pendant les premières manifestations ne peuvent s'empêcher de colporter la nouvelle qui amène déjà de nombreux curieux à la porte de la maison de l'abbé Vachère. Beaucoup qui en entendent parler, veulent voir de leurs yeux ce prodige extraordinaire. Afin de se mettre en règle avec ses supérieurs, l’abbé adresse à l'Evêché un rapport circonstancié des faits intervenus dans sa demeure, notamment aux deux vicaires en poste Messieurs Lépine et Vareilles de Sommières, capitulaires qui assurent l'intérim de l'Evêque depuis la mort d'Henri Pelgé décédé à Poitiers le 31 mai 1911, Mgr. Humbrecht préparant son départ du diocèse de Besançon.


Après un mois, Mgr Vachère est surpris de ne recevoir ni réponse, ni accusé de réception de sa correspondance. Il craint que ces deux vicaires, "en froid" avec lui depuis qu'il avait obtenu justice face à des accusations portées par eux envers un vieux curé de campagne voisin, aient bloqué son dossier sur les évènements de Mirebeau.


Or pendant ce temps-là, au miracle du sang qui n'en finit toujours pas de couler sur le tableau, s'ajoute un phénomène totalement incompréhensible..."à rendre fou" pourraient dire certains : le visage du Christ bouge, parle (à l'abbé et quelques personnes seulement) et prend des apparences différentes, comme si Jésus vivait dans son image.

Avec l'épanchement du sang sur le visage, se dessine au fil du temps des attitudes du visage montrant des formes d’oppression, de tristesse ou de souffrance qui frappent tous les visiteurs. Certains observateurs ont comparé le Christ à une personne malade atteinte de symptômes phtisiques. Pour marquer et pouvoir rendre compte plus tard de ce phénomène extraordinaire, l'Abbé fait prendre vingt-trois photographies qui montrent les troublantes transformations du visage du Christ (12 photos mises en vidéo ci-dessus).On verra aussi plus tard que le père Vachère dit avoir eu des conversations avec ce divin visage qu'il nomme "Le Bon Maître" dans lesquelles le Christ délivrera plusieurs messages.

Comme on l'imagine, le phénomène attire maintenant des foules comme après les premières apparitions à Lourdes. Une multitude de curieux veulent voir et s'agglutinent à la porte du domicile de l'abbé. Aux badauds s'ajoutent maintenant des savants, voire des personnes illustres et renommées : médecins, agrégés en sciences humaines, théologiens, philosophes et écrivains connus qui examinent l'image et confirment à l'unisson, par l’observation, la réalité de ces suintements.

A partir des prélèvements du précieux liquide, des légistes procèdent à des analyses médicales, aussi précises que le permet la technique de l'époque, et concluent que c’est bien du sang humain. Parmi les experts qui ont pratiqué ces examens, on retiendra, entre autres, les médecins Maurice, Leblanc et Charbonneau, pharmaciens de première classe et analystes spécialisés, tous trois domiciliés à Richelieu, en Indre et Loire, le docteur Hamel du Mans, ainsi que le Dr Alessio Nazari, professeur d’histologie-pathologie à l’Université de Rome, qui a procédé à un examen spectroscopique du sang … D’autres analyses ont été réalisées à l’Université d’Oxford et à Sarrebruck, par le docteur Deibel, expert-légiste… Mais c’est surtout le fait que le sang n’ait pas rongé à la longue l’Image et les Hosties, qui constitue le plus grand prodige pour le professeur Nazari. Aussi, plusieurs observateurs considèrent à l’époque que les coulées de sang les plus importantes ont coïncidées le jour où des manifestations importantes de la franc-maçonnerie se tenaient contre le Pape, à Rome.

Le 11 octobre 1911, l’Archevêque de Tours, Mgr Renou, intrigué autant qu’agacé, par les récits que lui rapportent quotidiennement des centaines de fidèles sur les phénomènes de Mirebeau et quasiment convaincu qu’il n’aura aucun mal à en démontrer la supercherie, décide de se rendre sur place.


Afin de ne rien laisser au hasard, il se fait accompagner de son Vicaire Général, Mgr Raimbaud, du doyen de Richelieu et d’un médecin, le docteur Maurice déjà cité. Tous quatre assistent aux saignements, inspectent les lieux et manipulent l’image autant qu’ils le souhaitent. Le médecin pousse même la suspicion jusqu’à prélever de la joue gauche du Christ une large plaque de sang qu’il analyse plusieurs fois.

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Tout doute dissipé de son esprit, l’Archevêque tombe à genoux, déclarant : «Cette manifestation douloureuse est vraiment le commencement du culte du Sacré-Cœur ». S’adressant à Vachère, il le presse d’informer au plus vite le nouvel évêque de Poitiers, Mgr Humbretch qui va bientôt prendre possession de son siège. Mais le Père Vachère répond à Mgr Renou qu'il « Il y a un mois que je l'ai prévenu ». Ce n'est que le 18 octobre 1911 une semaine après la visite à Mirebeau du vicaire général M. Vareilles, que l’Abbé reçoit un accusé réception de sa lettre du 11 septembre, par lequel l'Evêque ordonne à l'Abbé de porter l'Image du Sacré Cœur à Poitiers où « elle sera examinée et mise sous scellés ».


L'Abbé obéit immédiatement à cet ordre mais avant de se séparer de la Chère Image, il fait intervenir un photographe pour marquer les faits. Le 21 octobre 1911, Mgr Humbretch écrit à l'Abbé pour le féliciter de sa prompte obéissance d’envoi de l'image. Dans le même temps, le sang se manifeste spontanément, cette fois-ci, lors de manifestations eucharistiques (messe et adoration) le 23 du même mois.


Ce phénomène se reproduira à dix-huit reprises, jusqu'au 18 février 1914. De la dernière Hostie, sur l'autel, du sang coulait en abondance tombant jusque sur le marchepied de l'autel où le Saint Sacrifice n'était plus célébré. Le 20 février 1914, Baumgarten de Rome (18, Piazza Rusticuccl) qui avait fait le déplacement pour assister à ces manifestations, rédigea un constat des faits.

Il semble bien qu'il n'y ait plus eu de « manifestation eucharistique » après le 18 février 1914. Durant ces années, des témoins affirmèrent qu'Ils voyaient les lèvres du Christ remuer comme s'il leur parlait. Certains prétendirent que le Christ leur annonçait des évènements étranges, comme la guerre, des massacres de prêtres et d'autres prédictions qui « se sont réalisées à la lettre », écrit R. Bombenger.


Le 15 novembre 1911, Mgr Humbretch prend ses fonctions à Poitiers. Il convoque immédiatement l’Abbé Vachère auquel il a déjà adressé –depuis Besançon- une note lui demandant de porter « l’image miraculeuse » au directeur du Grand Séminaire de Poitiers « pour examen ». Notons, à ce propos, qu’on ne trouve aucune trace officielle de ce dépôt et de cet examen au Grand Séminaire… Obéissant à la convocation de son supérieur, l’Abbé se rend à l’évêché le 22.

L’ Evèque de Poitiers convoque immédiatement l'Abbé Vachère

auquel il a demandé de porter « l'image miraculeuse » au directeur du Grand Séminaire. Notons, à ce propos, qu'on ne trouve plus aucune trace officielle de ce dépôt. Obéissant à la convocation de son supérieur, l'Abbé se rend à l'évêché. A peine arrivé, Mgr. Humbrecht l'apostrophe : « Mon bon ami, votre affaire n'est qu'une supercherie, C'est de la peinture, j'ai là deux poils de pinceau, découverts au microscope ».

Vachère répond à cette accusation par deux cents attestations de témoins et un grand nombre de photographies démontrant qu’on a affaire à un phénomène spontané sans explication rationnelle observé par de nombreuses personnes saines d’esprit. L’Evêque renchérit en affirmant que ce ne sont pas des preuves : « Tout cela, n'est que connivence » affirme-t-il. Il somme l'Abbé de cacher désormais le tableau.

En même temps, il rend une première ordonnance sommant l’Abbé de cacher désormais le tableau. Vexé, celui-ci obéit néanmoins et accroche le Sacré-Cœur dans une chambre d’amis où… il continue de saigner et de prodiguer ses paroles.

Trois semaines après son entrevue avec l'Abbé, le 15 décembre 1911, l'évêché renvoie l'Image à Mirebeau et quelques jours plus tard, au grand étonnement des fidèles, il fait lire une ordonnance dans toutes les chaires du diocèse, condamnant, sans appel, « les soi-disant faits miraculeux de Mirebeau ». Une seconde ordonnance encore plus sévère, sera lue le 5 octobre 1912, dans laquelle l'Evêque traitera l'Abbé de « faussaire et d’escroc ».


Dès qu'il récupère son précieux tableau, l'abbé Vachère en fait prendre une photo et range l'original dans une chambre de sa maison. Comparée aux photos prises avant que l'image soit réquisitionnée par l'évêché, il saute aux yeux que celle-ci a subi des retouches ou qu'elle a saigné aussi à Poitiers.


Le 27 mai 1912, une nouvelle « manifestation eucharistique » c'est à dire le saignement d'hosties consacrées a lieu à Mirebeau, dans la petite chapelle de l'Abbé en présence de divers témoins, dont deux prêtres. Les suintements durent pratiquement toute la journée. Ce fait nouveau et le retentissement qu'il provoque chez les fidèles, décide l'Abbé Vachère à porter un dossier plus complet à Rome, avec un rapport détaillé des faits, les expertises établies, les analyses, les attestations et déclarations sous serment, les photographies et l'ordre de construire un calvaire et un chemin de Croix de quatorze stations, comme le Pape lui en a donné le privilège.

On en demanda même un exemplaire supplémentaire à l’Abbé pour l’entourage de la Reine mère. « Tout le monde fut ému jusqu’aux larmes en voyant les photographies » rapporte une gazette de l’époque. Le pape est naturellement tenu au courant de ces évènements. Il reçoit d’ailleurs, en mains propres, un long rapport que Mgr Baumgarten a rédigé à la demande du cardinal Ferrata (alors Secrétaire du Saint-Office). Établi en plusieurs exemplaires, ce dossier est remis le 19 juin 1912 au Saint-Office entre les mains de Mgr Serafini, à son Éminence Mgr Rampolla (photo), au R.P. Lepidi -Maître du Sacré Palais Apostolique- et à L’Éminence Vives y Tito…


En 1913, le 17 mars, l’abbé Vareilles de Sommières (secrétaire épiscopal à l’Evêché de Poitiers) se rend à Mirebeau et demande qu’on lui remette les Saintes Hosties et l’image du Sacré-Cœur, afin, dit-il, de « les envoyer à Rome où on les réclame ».

En fait, les précieuses pièces ne quitteront plus Poitiers où "elles sont encore à l’heure actuelle (1939), affirme R. Bombenger dans Le Sacré-Cœur de Mirebeau en Poitou. – Ma conviction de fidèle catholique, ajoute-t-il, est que l’Évêque a continuellement été trompé par les faux rapports de son entourage, sans jamais se donner la peine de vérifier, lui-même, le bien fondé des accusations qu’il a répercutées dans ses ordonnances contre Mgr Vachère ».


Aucune enquête n’a jamais été diligentée alors qu’elle était souhaitée et réclamée par tous, l’Abbé le premier, par les croyants et par les incrédules qui ne pouvaient s’empêcher de proclamer haut et fort ce qu’ils avaient « vu, touché et goûté ».


Obéissant à la mission dont l’avait investi l’image du Sacré-Cœur, l’Abbé achète alors, à son nom, un terrain de trente hectares, dit « Colline de Gâtine ». Conformément aux prévisions que l’Image lui avait faites, Vachère trouva, « au moment voulu », les ressources nécessaires à cet achat car l’argent lui arriva de toutes parts. Il confia à un artisan maçon de Mirebeau, M. Ernest Roy, dit le "Père Néness", le soin de réaliser les travaux.

Les mauvaises langues des adversaires du Père Vachère font courir le bruit de recours à des fonds secrets venus d’Autriche. Vachère de Grateloup devient « Gratte-sous ». Oubliant analyses et témoignages, certains soutiennent que le liquide qui suinte de l’Image est du sang de lapin et que c’est le diable qui anime ces manifestations… C’est sans compter avec la grande popularité dont jouit le Père Vachère, en soignant en effet les pauvres gens avec des préparations à base de plantes. Une habitante de Saint-Jean-de-Sauves, Marcelle Bruneteau, rapporte que « les soins et recettes du Curé ont sorti du lit plus d’un malade ».

M. Jean-Pierre Jeannin Latour ami du Calvaire écrivait : "Je me permets de mentionner ici, les souvenirs très précis que j’ai gardés du Père Néness et de son épouse, corsetière, naturellement surnommée la Mère Néness. Tous deux gens honnêtes et fort charmants, avec lesquels mes parents entretenaient d’aimables relations. Je reviendrai plus en détails sur l’histoire du Calvaire, sa construction, sa démolition et la dispersion de ses personnages, recherchés et finalement découverts par Jean Pelletier, puis son état actuel. A quinze minutes du Futuroscope, ce monument éminemment religieux, présente aussi un attrait touristique évident."


Sur le point culminant de la colline, l'Abbé décide de faire construire, un calvaire monumental représentant le Christ en Croix. Pour faciliter le travail des ouvriers et protéger ciment et outils, on aménage, à côté, une cabane de chantier dans laquelle l'Abbé avait mis une image protectrice du Sacré-Cœur, semblable à celle qui venait d'être portée à Poitiers par Vareilles de Sommières.


En 1912, le maçon, Ernest Roy, débute la construction du calvaire en bâtissant une grotte, avec des pierres en forme de silex, dans laquelle repose un Christ au tombeau et une vierge douloureuse. Ainsi nait la 14ème et ultime station du futur chemin de croix (vidéo), toujours visible aujourd’hui.

Sur le rocher qui sert de socle, les ouvriers hissent les 3 pesantes croix en bois sur lesquelles gisent, mains et pieds cloués, Jésus et ses deux larrons. Au pied des croix, veillent des personnages de l’évangile certains aux regards tyranniques, d'autres au visages douloureux.

Chacun des sujets en fonte, de taille légèrement supérieure à la taille humaine, pèse 500 kg et arbore alors de vives couleurs orientales.

Cinquante mètres plus bas, à l’arrière du calvaire s’élève la Porte de Jéricho, réplique d’une des portes des remparts de Jérusalem, en pierres de taille provenant de la carrière du Verger-Gazeau. Au pied de l’édifice se tiennent les cinq personnages de la 14ème station : Jésus portant sa croix, Marie, l’apôtre Jean, un centurion et un homme menaçant qui brandit le poing vers le Christ, symbole de « la haine du monde ».




Or, le 19 mars (1913), mercredi de la semaine sainte, un groupe d'ouvriers arrivent affolés chez l'Abbé : « Venez vite Monseigneur ! Du sang et des larmes inondent l'image placée dans le cabanon. Occupé, l'Abbé ne se déplace que le lendemain 20 mars, et tombe à genoux, en adoration devant l'étrange phénomène qui dure depuis la veille.


Lorsqu'il apprend l'édification du calvaire, Mgr Humbretch, rend une seconde ordonnance, retirant à l'Abbé le privilège de l'oratoire privé, jetant l'interdit sur la chapelle, les quêtes et les souscriptions en faveur du calvaire et avertissant l'Abbé que, s'il s'obstine, l'Église lui interdira la célébration de la messe. L'Evêque interprète ce fait comme un acte de désobéissance notoire de l’abbé à son égard, car Il devait mettre fin «aux supercheries de l'artiste». C'est vraisemblablement ce jour-là qu'il décide d'avoir recours à L'excommunication.


En 1913, le 16 septembre, deux régiments d'infanterie en manœuvres, les 125ème et 114ème, font escale à Mirebeau. Informés par la population, trois mille militaires se rendent au calvaire où ils sont témoins d'un nouveau prodige : le sang jaillit des plaies du « Christ au tombeau » à tel point que plusieurs soldats en goûtent et en imbibent leurs mouchoirs. Ce jour-là, comme les autres jours, près de trois mille civils venus de toute la France défilent également devant le monument et sont témoins des mêmes faits. D'aucuns affirment en outre avoir vu le visage de la vierge inondé de larmes. J'ai toujours entendu dire mon Père que tous les soldats qui avaient eu l'image ou un mouchoir imbibé du précieux sang dans un coin de leur uniforme, étaient tous revenus des tranchées sans aucune blessure.

Au mois d'octobre 1913, un savant de l'Institut Pasteur arrive avec sa femme et sa belle-mère. Tous trois assistent au même prodige et jurent qu'ils ont vu aussi la poitrine du Christ sur la Croix se soulever. Ce fait miraculeux fait penser au crucifix miraculeux de Limpias.


Malheureusement pour l’abbé VACHERE, lorsqu'en Mars et Septembre 1913, les manifestations sanglantes s'étaient déplacées sur une seconde image que le curé avait placée dans le cabanon de chantier du calvaire et que le corps du Christ au tombeau saignait au point que l'on a du le protéger des mouches par des vitres, l'Évêque avait considéré que Vachère désobéissait et persistait. A partir de cette date, Mgr Humbrech préparait un dossier pour Rome afin d'obtenir l'excommunication du Père Vachère.


Des guérisons miraculeuses signes de la présence de DIEU


Quantité de guérisons, aussi imprévisibles qu'inexplicables, se sont produites :


Un jeune homme de 22 ans souffrant de folie et phtisie est subitement guéri. A titre d’action de grâce, il revient plusieurs fois à Mirebeau au cours des années suivantes et « en 1921, il nous fut présenté par son père », écrit Bomberger. Un enfant de neuf ans qu’on avait laissé pour mort, à la suite d’une opération, est rendu à la vie. Une femme de 45 ans qu’on avait déjà tenté d’opérer, guérit soudain d’une très grave affection. Une épileptique se rétablit subitement … La guérison de Théophile Millet d’Amberre entraine la conversion de cinq personnes. Adelina Briaud, de St-Jean de Sauves, guérit instantanément d’un cancer des reins. Joseph Mollien, 10 ans, de Cuillé (Mayenne), laissé pour mort après une opération de l’appendice, guérit par l’application d’un petit linge ensanglanté. La femme Maurice Auriault guérit d’une tumeur. Victor Boutet, guérit de la folie et redevient chrétien. Marie-Louise Génonet, guérit instantanément d’épilepsie par l’application d’un linge ensanglanté. Lors de sa dernière crise, elle s’était coupé le bout de la langue. On note aussi la conversion à Paris de toute une famille qui se fit baptiser après avoir vu une image du Sacré-Cœur ensanglanté. Le Chanoine Dumaine d’Alençon(Orne) : guérit d’une tumeur. Une institutrice allemande se convertit après avoir vu l’image.

Plusieurs témoignages de conversions à l'heure de la mort sont rattachés à des visites ou prières au Calvaire de Mirebeau. Toutes les prédictions faites par l'Image se réalisent...On ne peut s'empêcher de penser aux Saintes Paroles du Christ dans Jn 12,24« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit » ou la parabole du grain de Sénevé (Mt 13 : 31-32).


Ces prodiges et guérisons interviennent le plus souvent en son absence sans intervention. Ils s'ajoutent aux centaines de guérisons que l'Abbé obtient en administrant des remèdes naturels à base de plantes, suscitant reconnaissance et l'admiration des uns, mais encouragent aussi la haine et la jalousie des autres. Cousine et confidente de l'Abbé, Mlle. Philipot déclare sous la foi du serment :


«La main sur le Saint Évangile, je jure que les griefs que l'on colporte contre lui sont faux L'Evéque de Poitiers a visiblement été trompé par son entourage, mais l'Abbé Vachère est innocent ".


L'abbé dit lui-même que pour soigner l'âme, il faut d'abord soigner le corps. Jésus guérissait beaucoup de malades avant d'annoncer la bonne nouvelle.


Aujourd'hui, quand on recense tous ces faits extraordinaires, on ne peut que regretter l'absence d'une enquête sérieuse, minutieuse et impartiale de l'Evêché de Poitiers qui s'imposait avant de porter des accusations et des condamnations.


Pour beaucoup, cent ans après, elle devrait s'imposer encore, dans un soucis de justice. Elle permettrait notamment avec les méthodes d'investigations actuelles de démontrer définitivement la réalité des témoignages sans chercher quelconques tromperies ou subterfuges des témoins. Ceux qui ont vu ont cru. Aucun de ceux qui ont vu n'ont douté de ce qu'ils ont vu.


Comme Saint Louis Marie Grignon de Montfort...

Cette histoire de Calvaire majestueux provoquant de multiples grâces de conversions et de guérisons n'est pas sans rappeler l'œuvre de Saint Louis Marie Grignon de Montfort, le thaumaturge Vendéen, 200 ans plus tôt à Pontchâteau (photo). Lui aussi avait fait ériger un Calvaire avec des dimensions imposantes qui attirait à l'époque des dizaine de milliers de fidèles qui ont aussi été témoins de nombreux miracles de guérison comme à Mirebeau. Mais Le Père de Montfort comme l'Abbé Vachère se heurtera lui-aussi à une adversité féroce politique et religieuse, par le Roi Louis XIV et son Evêque .

Il s'était mis en route à pied pour Nantes, voulant tenter de s’expliquer de vive voix devant son Évêque, avec l’espoir que l’autorisation ne lui serait pas refusée. Vers 6 heures du matin, il se présente devant l’évêque sans rien obtenir : la décision de Mgr de Beauveau étant irrévocable, Louis XIV fera démolir ce calvaire mais le Saint homme le redressera. Espérons qu'un jour les mérites du Père Vachère soient reconnus comme ceux de son prédécesseur à Pontchâteau.


Avec la guerre 14-18, la situation du Père Vachère devient dramatique

Lorsque survient la guerre, le mauvais sort s'acharne et se déchaine de nouveau sur le Père Vachère. Des dénonciations calomnieuses, aussi stupides qu'irréalistes et incohérentes, circulent contre l'Abbé, victime de descentes de police et qui sera finalement arrêté et incarcéré quelques jours à la prison de la Pierre Levée à Poitiers.



On insinue qu'il espionne à la solde des Allemands et que c'est l'ennemi qui a payé l'achat et les travaux du calvaire. On ajoute qu'il entretient des réseaux avec l'Autriche où il reconnait avoir été précepteur. On affirme qu'un canon géant, dirigé vers Poitiers, est caché sous le tombeau du Christ : Les « flammes » réfléchissants qui entourent la croix étant destinés à réfléchir le soleil couchant pour guider l'aviation ennemie (sic). On va jusqu'à le dire possédé du démon. Devant une telle accumulation de méchancetés, de bêtises et de ridicule, l'Abbé se tait.

En effet, le mercredi 22 avril 1914, la suprême et Sacrée Congrégation du Saint-Office publie, en latin, un décret traduit d'excommunication par ce qui suit :


« Pendant que le prêtre Césaire Vachère, du diocèse de Poitiers, en France, mettait les esprits simples en émoi par de prétendues manifestations surnaturelles, son propre Évoque, Louis Humbretcht ainsi que cette Suprême Congrégation l'ont plusieurs fois rappelé à la sainte raison. Ce fut en vain car sa résistance opiniâtre ne céda même pas à ce remède extrême que constitue la menace d'excommunication, Constatant qu'il reste obstiné dans sa désobéissance, la Suprême Congrégation déclare qu'il est frappé de toutes les peines établies par le droit et que, par conséquent, il doit désormais être évité par tous. »


Pour sa défense, l'Abbé proteste : En jugeant à distance les faits de Mirebeau, le Saint Office ne peut avoir les lumières nécessaires pour asseoir un jugement sûr et sans réplique, argumente-t-il. Personne, qu'on le sache, ne peut juger ces manifestations sans les avoir vues... Il proteste aussi contre le terme « simples » qui en français est synonyme d'imbéciles ou idiots, ce qui, selon lui, n'est pas le cas des milliers de personnes qui sont venus assister aux phénomènes, ni le cas de l'Evêque de Tours, de son Vicaire général, du docteur Maurice, du doyen de Richelieu et de tant d'autres, ayant un nom dans la science, les lettres, les arts ou la magistrature. Vachère relève aussi les termes « Hosties qu'il affirmait consacrées par lui » : Par qui voulait-on qu'elles fussent consacrées ? Par les assistants ? ...


II cite encore les confidences dont il a bénéficié de la part d'amis, prouvant que « le fait de Mirebeau » avait déjà été condamné, sans appel, par l'Évêché bien avant que l'Évêque n'arrive à Poitiers. Mgr. Humbretch reçut de la part d'un docteur en théologie, une charitable invitation à « réparer les torts faits au Sacré Cœur de Mirebeau et à l'Abbé Vachère mais, comme on le sait, l'Evêque n'en tient pas compte. Qu'il ne se soit jamais déplacé jusqu'à Mirebeau pour constater -ou contester- les manifestations qui s'y déroulaient, comme il aurait été normal qu'il le fasse, et comme son devoir lui imposait de le faire, constitue un élément capital de l'affaire. Ce parti-pris choque plus d'un prêtre du diocèse comme en témoigne cette lettre adressée à l'auteur « du Sacré Cœur de Mirebeau-en Poitou » publiée dans la deuxième édition de son ouvrage...


« Je me le rappelle très bien : quand Mgr. Humbretch a été nommé Évêque de Poitiers, l'un de ses premiers actes, avant même qu'il ait mis le pied dans son diocèse, fut de s'en prendre violemment à l’abbé Vachère. Beaucoup de prêtres, comme moi, trouvèrent à ce moment-là qu'il allait un peu vite en besogne et se refusèrent à admettre que Vachère soit condamné depuis Besançon, sur le seul rapport succinct et partial de deux vicaires généraux ». "


Le dossier de l'affaire contient nombre de lettres semblables, toutes empreintes de sympathie à l'égard de l'Abbé. L'une d'entre elle « éveille tous les espoirs », écrit Bombenger, en rappelant fort à propos que ni un Ordinaire -comprenez un Évêque- ni même le Saint Office, ne sont pas forcément la seule voix de l'Église. La preuve : le cas de Jeanne d'Arc, condamnée par un Évêque en 1431 mais canonisée en 1920.


Il ne fait pas bon être messager ou messagère du Christ quand DIEU rappelle à leur devoir des hommes ou des femmes d'Eglise !


Comme Mélanie Calvat à La Salette ou comme l'Abbé Vachère à Mirebeau, ces messagers du Christ sont des âmes "victimes" choisies par Dieu pour rendre compte de reproches du Christ à l'égard du comportement de certains prêtres ou religieux(es) de leur époque. Evidemment, cela a pu "heurter" la sensibilité d'une certaine hiérarchie ecclésiastique, pouvant aboutir à une forme de dissimulation de certains messages divins, ou de réponses violentes, disproportionnées, voire même injustes vis-à-vis de voyants ou messagers.


Il faut peut être se rappeler que Le Premier Pape Saint Pierre lui-même a été rappelé plusieurs fois à ses devoirs par Son Maître et que cela s'inscrit dès l'origine dans l'Histoire de l'Eglise.


Dans Saint Matthieu, chapitre 16, versets 13 à 23, Jésus après avoir dit "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle." dit aussi dans la même heure, après que Pierre, s'opposait à Lui sur le fait qu'Il annonçait Sa Passion, il lui dit : « Passe derrière moi, Satan, tu es un obstacle sur ma route ; tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. ». Ces paroles peuvent s'adresser aussi à tout chrétien qui préfère le monde plutôt que les dessins de Dieu.


En parlant des prêtres, Jésus avait dit au Père Vachère «...qui ne sont pas ce qu'ils devraient être... Qui ne M'écoutent pas et n'ont pas à Cœur de procurer la gloire de Mon Nom... Beaucoup d'entre eux sont montés à l'autel sans vocation... ». « Va demander aux évêques d'instituer partout des retraites du mois, où Mes prêtres acquerraient cet esprit de foi et de sacrifice qui leur manque ». Le Christ demande au Père Vachère de subir ces outrages et d'être Prêtre Victime : "Offre Toi à Moi comme victime et sois un Saint ! C'est par la Croix que la Vérité triomphe."

Dans les mêmes années à quelques kilomètres de Mirebeau (ce n'est pas un hasard), Le Sacré-Cœur avait parlé en ces termes à Sœur Josépha Menendez (KTO), une grande mystique, qui vivait à Poitiers au couvent des religieuses du Sacré-Cœur de Jésus aux Feuillants à Poitiers du 5 février 1920 à sa mort le 29 décembre 1923. Son livre "Un Appel à l'Amour" a été béni par le futur Pape Pie XII. Elle est toujours en voie de béatification. Jésus Lui dit: “... après ta mort, je désire que mes paroles soient connues. Quant à toi tu vivras dans l’obscurité la plus complète et la plus profonde, mais parce que tu es la victime choisie par Moi, tu souffriras et, abîmée dans la souffrance, tu mourras ! Ne cherche ni repos, ni soulagement, tu n’en trouveras pas, car c’est Moi qui en disposerai ainsi. Mais mon Amour te soutiendra et Je ne te manquerai jamais...”.


En parlant de Ses âmes choisies ou Epouses : " Ce grand clou, c’est la froideur de mes épouses... Les offenses des hommes Me blessent profondément, mais rien ne M’afflige autant que celles de Mes épouses. Si les âmes choisies savaient combien Je les aime et comme elles Me blessent par leur froideur ou leur tiédeur !... Cette épine, c’est une âme religieuse... Je l’ai comblée de talents, elle se les approprie, son orgueil la perd!” ; “Celle-ci est une âme consacrée, un prêtre, un religieux, une âme que J’aime... Elle-même ouvre l’abîme où elle tombera si elle s’obstine !” ; Ah! quelle douleur pour mon Cœur de recevoir tant d’outrages d’une âme que J’ai choisie avec tant d’amour !... Que ce soient mes âmes choisies qui Me traitent ainsi: voilà ma Douleur ! ”.


Sur cet aspect, nous conclurons avec ces quelques paroles du regretté Pape Benoit XVI lors du Chemin de la Croix au Colisée à ROME, le vendredi Saint 2005. Cet extrait est tiré de la neuvième station :


Mais ne devons-nous pas penser également à ce que le Christ doit souffrir dans son Église elle-même ? Combien de fois abusons-nous du Saint-Sacrement de sa présence, dans quel cœur vide et mauvais entre-t-il souvent ! Combien de fois ne célébrons-nous que nous-mêmes, et ne prenons-nous même pas conscience de sa présence ! Combien de fois sa Parole est-elle déformée et galvaudée ! Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance !


Dernier combat du Père Vachère


Pendant la guerre, l’Abbé Vachère tente de faire lever la sanction en écrivant à Rome. Il clame son innocence et déplore que les évènements aient été jugés en haut lieu sans enquête sur le terrain. Il rappelle les témoignages de l'archevêque de Tours et de plusieurs prêtres et médecins. Il fait constater que plusieurs manifestations ont eu lieu alors qu'il n'était pas personnellement pas présent. S'adressant à un de ses amis en place à Rome, il demande que l'on intercède auprès du Pape lui-même, car il le sait juste.


Son ami lui rétorque que les lois du Saint-Office (qui sur ce point, n'ont pas évolué depuis l'Inquisition) imposent de ne jamais traiter avec les accusés. Il lui confie aussi que l'Église ne croit pas à ses manifestations et qu'elle a voulu y mettre fin, laissant à Dieu le soin de faire triompher ses desseins par tout autre moyen.


Aussi la personnalité très controversée de Mgr Rampolla et de ses amis formant le "réseau Rampolla" autour de Sa Sainteté Saint Pie X qui n'est pas en situation de force pour réagir en fin de vie, ont joué, semble-t-il, un rôle capital dans la non-reconnaissance des miracles de Mirebeau. Rappelons tout de même que par un droit de véto de l'Empereur d'Autriche François Joseph, l'élection du Cardinal Rampolla (il appartenait à l'O.T.O) sur le trône de Saint Pierre a été bloquée et que c'est Sa Sainteté Pie X qui a été élu à sa place. Connaissant tout cela, nous ne pouvons que faire plus aisément les déductions et les hypothèses qui s'imposent.

Or, pour se défendre, après la guerre, l'ecclésiastique de Mirebeau multiplie les déplacements à Rome où il distribue ses rapports, ses photographies, les paroles de l'image, des linges et des hosties, mais en vain, car on ne le reçoit plus.


Le 17 juillet 1921, épuisé par la lutte qu'il mène, il sera victime d'une embolie. L'Abbé s'éteint. Sa famille et ses fidèles l'enterrent simplement au cimetière de Mirebeau, sans lui faire franchir le seuil de l'église qui lui est interdite. Avec lui disparaissent les prodiges et faits surnaturels mais la foi et le doute subsistent.

Eugénie Philipot, sa cousine, chapelière installée Place de la République, hérite de sa maison et veille sur ses biens qu'elle préserve comme un musée. Cependant, le calvaire, d'abord propriété d'Abert Maquignon, neveu de L'Abbé, est sauvagement vandalisé, en partie détruit et incendié. La porte de Jéricho, magnifique réplique d'une des portes de Jérusalem, est démontée et les pierres de taille volées par les villageois. Les cinq personnages de cette station. Jésus portant sa croix, Marie, l'apôtre Jean, un centurion et un homme menaçant, point brandi vers le Christ, chacun peint de 'Vives couleurs et pesant une demi tonne, disparaissent mystérieusement. Si on sait où passèrent les pierres, on ignora longtemps ce qu'il était advenu des statues qui constituaient le cœur de la « Porte de Jéricho", jusqu'au jour où Jean Pelletier les retrouva chez un curé « dans la moitié sud de la France ». Il les rapatria à Mirebeau et les réinstalla près du calvaire. La tombe de « Monseigneur Vachère » se trouve non loin du fond du cimetière dans sa partie droite.


Après


La maison de l'abbé revint à sa famille loudunoise qui la céda à et Camille Hilleret, couple de négociant en grains désireux de s'installer près de la voie de chemin de fer pour faciliter le négoce de leurs marchandises. Dans sa maison, Marcelle donna naissance à trois enfants dont Bernard, futur mari de Jacqueline qui habite aujourd'hui la maison.


Le calvaire et le terrain de l'abbé revinrent à M. Maquignon, coiffeur, Place Denfert Rochereau (à l'emplacement actuel de la Caisse d'Épargne), qui les garda jusqu'en 1942 et les légua à son fils André qui avait repris le salon de coiffure.


André Maquignon conserva le calvaire durant trente années puis le céda au Syndicat d'Initiative qui vit le jour en 1972, afin qu'il soit remis en état.


En 1981, « Les amis du calvaire », se constituent en association. Soixante ans après la mort de l'Abbé, l'objectif mis en avant est d'obtenir la réhabilitation du calvaire et d'en faire un attrait touristique pour la commune. Cette noble démarche n'empêche pas certains de ses membres ou sympathisants d'espérer, du même coup, la réhabilitation de Monseigneur Vachère.


On voit mal en effet comment dissocier le calvaire de l'homme qui l'a créé. L'Eglise réagira d'ailleurs par la voix du curé de la paroisse qui, en 1987, mettra clairement en garde contre l'intégrisme militant des partisans de l'Abbé qu'il assimile alors aux suppôts du schisme de Lefebvre.


Sans se laisser influencer, Jean Pelletier, pilier fidèle de l'Association, entreprend une laborieuse recherche des statues qu'il découvre « par hasard » à plus de cent kilomètres de Mirebeau, dans les ronces d'un jardin de curé, près d'Angoulême. « Emportez-les que je ne les vois plus » lui dit le vieux curé, libéré de ce coupable recel.


Attaqués par la corrosion, les pieds des croix sont pourris : le nez et la main du soldat Romain ont disparu, Le Christ a perdu ses doigts, On voit nettement les traces des coups assénés et la haine qui les motivait m'a rapporté l'un des artisans qui ont travaillé à la restauration des personnages. L'importance des travaux qui s'imposent incite jean Pelletier à obtenir d'André Maquignon, qui a succédé à son père, qu'il fasse don du Calvaire au Syndicat d'Initiative que l'on crée donc en cette occasion et qui assurera le financement de la remise en état. Pour installer les statues retrouvées, Pelletier achète, sur ses propres deniers, le terrain en terrasse sur lequel sont présentés aujourd'hui les personnages de l'ancienne Porte de Jéricho, puis aidé des artisans mirebalais dont

Jean-Claude Rousseau et Philippe Augereau.



Il mène la restauration à terme. « J'ai travaillé deux mois à reconstituer le nez du soldat romain et les doigts du Christ, raconte Philippe Algereau, même que les bonnes sœurs de la Sagesse n'arrêtaient pas de passer devant mon atelier sans oser entrer, jusqu'au jour où je les ai invitées à me donner leur avis. C'est grâce à elles que j'ai refait le nez du soldat pour la énième fois car il n'avait pas l'air assez méchant ».


En 1981, le syndicat d'initiative céda le calvaire à la ville qui en fit la promotion sur des dépliants touristiques : « Non loin du Futuroscope, le calvaire de Mirebeau défie le temps à cent cinquante mètres d'altitude ».Jusqu'à la fin du siècle, chaque mois de juin, le jour de la fête du Sacré-Cœur, des fidèles de l'Abbé Vachère se réunirent sur l'esplanade du calvaire pour célébrer une messe en sa mémoire.


On vit des autobus venus de Belgique, d'Autriche, et diverses régions de France. Une association fut créée, dite « des amis du calvaire » , dans le but d'obtenir la réhabilitation de l'Abbé. En 1987, fidèle à la position qu'elle a toujours défendue, l'Église a estimé officiellement que le dossier de l'association n'apportait aucun élément nouveau qui permette de revoir la décision prise en son temps.


Monseigneur Rouet comme Mgr. Wintzer, Êvêques de Poitiers, concluent qu'on s'en tiendrait désormais à ce jugement.



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Guest
Aug 13, 2023
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Bravo pour cette restauration

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